On t’a vu récemment à la télé en train de faire la queue avec un ticket numéroté pour avoir une Apple Watch. Quand on a entendu ça, on s’est dit : « Ah, voici un jeune homme qui aura beaucoup d’histoires et de souvenirs à l’avenir ».
Key : Je ne pensais pas que de faire la queue prendrait une telle ampleur (rires). Quand j’ai reçu l’e-mail m’avertissant de l’événement, instinctivement je me suis dit qu’il fallait que j’y aille, alors j’ai téléphoné avant de m’y rendre. Ce n’est pas parce que ‘je suis une célébrité alors j’aurai un traitement de faveur’, mais plus dans le sens où si j’y allais moi-même, ça attirerait du monde, et ça pourrait être profitable pour le magasin. Alors j’y suis simplement allé comme tout un chacun, et au final ça s’est bien passé. Puisque je suis généralement assez entouré de photographes et de cameramen quand je sors, ça ne m’a pas paru étrange qu’il y en ait là aussi, mais c’est apparu par la suite aux infos.

Quelle a été la réaction de ton agence ?
Key : Leur réaction habituelle, normale. Quelque chose comme ‘Ah, tu as fait ça’.

Qu’en penses-tu maintenant que tu as pu l’utiliser un peu ?
Key : Je ne m’attendais pas à quelque chose de particulièrement révolutionnaire. Le design était plus important que la fonction même, et je pense que la compatibilité a sûrement beaucoup joué. Il m’est évidemment nécessaire d’avoir un téléphone et un ordinateur portable partout avec moi. Je prends aussi souvent l’avion, alors une tablette m’est également indispensable. Si on prend tout ça en compte, quelle autre marque, ou quels autres objets aurais-je dû prendre ? N’est-ce pas une marque qui convient bien à mon style de vie ?

Est-ce que tu achètes souvent sur des coups de tête ?
Key : Parfois je me dis « Il faut que j’achète ça ». D’autres fois, je me dis aussi « Ah, je ne pense pas que je le porterai, mais il faut que je me le prenne ».

Est-ce que ça t’arrive quand même de les mettre au final ?
Key : Il m’arrive de les customiser avant de les porter. Mais il m’arrive aussi de ne jamais m’en servir. Pour moi, faire les boutiques est comme faire une collection de peintures ou d’images bon marché. Par exemple, si je vois qu’il y a des vêtements à carreaux en soldes chez Comme des Garçons, il faudra que j’en achète au moins un avant qu’ils ne soient plus soldés. Plus que le fait de le porter, ce que j’aime c’est cette impression qu’il est un témoin de la mode passée. C’est pour ça que je l’achète, même si ça ne peut être qu’une paire de chaussettes.

Mais tu as ‘Comme des’ et ‘Garçons’ chez toi (rires). Pourquoi as-tu décidé d’appeler tes animaux Comme des et Garçons ?
Key : J’ai cherché des noms pour mes chiens parmi les marques de mode. ‘Saint’ et ‘Laurent’ ne collaient pas très bien. ‘Louis’ et ‘Vuitton’ non plus. Mais en disant ‘Comme des’ et ‘Garçons’ à voix haute, c’était vraiment comme deux noms distincts. Évidemment, je connais la signification des mots, mais quand j’ai vu ces deux petits caniches brun et noir, c’est comme si les noms avaient été faits pour eux, alors je n’ai pas hésité à les appeler ainsi.

Aujourd’hui, je t’ai vu très bien t’occuper de Comme des et de Garçons, pourtant j’aurais pensé que tu étais plus une personne à chats qu’à chiens.
Key : Peut-être que c’est parce que j’ai une personnalité qui ressemble plus à celle d’un chat. J’arrive à plutôt bien m’entendre avec les chiens, ma personnalité n’est pas comme la leur ; je ne sais pas comment la décrire, mais je pense qu’elle est plus comme celle d’un chat.

Tu vas souvent à l’étranger pour ton travail, ça ne doit pas être évident pour toi d’avoir des animaux.
Key : Je ne veux pas les laisser chez mes parents, ou chez quelqu’un d’autre, alors je dois composer avec ça. Avant, je les laissais aux bons soins d’une personne pendant un mois, puis je les reprenais. Je n’ai jamais pensé à m’en séparer.

Est-ce qu’il y a quelque chose que les gens normaux ont et que tu n’as pas, et que tu leur envies ?
Key : Le fait qu’ils puissent avoir une routine quotidienne. Je pense qu’il y a des gens qui n’en ont pas, mais les employés de bureaux ont, d’une façon ou d’une autre, un certain modèle pour vivre leur vie, n’est-ce pas ? Cette année, j’ai fait de mon mieux pour apprendre le japonais. Mais je ne peux pas adapter mon emploi du temps à celui d’un professeur particulier. Comme je finis souvent mes journées de travail au milieu de la nuit, vers une heure du matin, je ne pourrais pas le voir. Les employés de bureau peuvent avoir une routine quotidienne dans laquelle ils peuvent inclure des choses comme l’apprentissage d’une langue après leur travail, et je les envie un peu pour ça.

En jetant un œil sur tes activités récentes, tu donnes l’impression de parvenir mieux que les autres à t’épanouir dans ce que tu fais. Tu animes des programmes comme ‘Key’s Know How’ et ‘My Little Television’, c’est comme si tu t’étais enfin résolu à faire ce genre d’émission.
Key : Ça fait sept ou huit ans que j’ai commencé mes activités en tant que membre de SHINee, n’est-ce pas ? Mais j’ai mis très longtemps à avoir cette conscience professionnelle et ce sens des responsabilités dans mon travail, comme pour cette séance photo pour ELLE. Il y a sept ou huit ans, j’arrivais déjà à voir ce que je voulais faire, mais je n’arrivais pas à l’exprimer, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Il y a environ deux ans, j’ai compris que je n’étais pas prêt comme il fallait. Et puis, quand je me suis estimé satisfait de moi-même, l’opportunité s’est présentée.

De quelle façon as-tu changé ?
Key : J’utilise souvent le mot ‘compétitivité’. Probablement parce que dans le passé, je me suis souvent dit que c’était une qualité à avoir. Si je peux être plus précis, je me suis beaucoup entraîné, et j’ai beaucoup réfléchi à ce que je ferais pour tel ou tel projet si jamais l’occasion se présentait. Dernièrement, j’ai l’impression que je suis en train de réussir à toucher mon but petit à petit. Par exemple, j’ai proposé moi-même des costumes pour notre concert au Tokyo Dome en mars dernier. Cependant, comme je n’étais pas réellement certain de pouvoir décrire ce que je voulais simplement avec des mots, je me suis appuyé sur des images de Michael Jackson et d’autres artistes qui montraient mieux les idées que j’avais. J’ai fait une présentation avec Powerpoint et j’ai participé à la réunion. Par chance, ce que l’agence et les stylistes voulaient correspondait avec mes idées, alors j’ai été capable de les présenter comme il fallait. Peut-être que par le passé, je n’aurais pas été capable d’avoir les documents et le recul nécessaire pour ce genre de projets, et ça aurait juste fait un tas d’histoires pour rien.

En ce qui concerne la chance, une fois que tu es parvenu à te créer ta propre chance, elle aura un effet boule de neige et ne cessera de grossir, n’est-ce pas ?
Key : C’est ça. ‘Key’s Know How’ est en fait exactement comme ça. Pendant nos activités promotionnelles pour ‘View’, la chanson-titre de notre quatrième album, la chaîne de télé m’a proposé d’avoir mon propre programme, et comme ils n’avaient aucune idée particulière de ce qu’ils voulaient en faire, c’est devenu une émission sur la mode. Je voulais créer une émission qui soit vraiment la mienne, alors je suis resté debout toute la nuit pour faire un script d’émission d’une dizaine de pages, pour le leur proposer en retour. Finalement, j’ai réussi à en faire une émission où je peux me montrer tel que je suis.

J’ai entendu dire que tu avais fini les enregistrements pour ‘Please Take Care of my Refrigerator’. Tu fais aussi la cuisine, non ?
Key : Mon métabolisme fait que je prends facilement du poids si je mange tout ce que j’ai envie de manger. C’est pour ça que je dois constamment faire attention et être au régime. Il y a plus ou moins un an et demi, j’ai commencé à me faire mes propres repas. J’ai toujours des aliments riches en protéines et des légumes frais dans mon frigo. À chaque fois, je me demande ce que je vais pouvoir préparer pour utiliser tous ces ingrédients, donc mes habitudes alimentaires sont vraiment devenues celles qui sont en adéquation avec ce programme.

On dirait bien que tu es devenu Chef Key des plats faits à la maison.
Key : Le fait que mes menus soient planifiés ainsi fait que c’est difficile pour moi de manger à l’extérieur. Par exemple, je ne mange pas du tout de farine de blé. Je mange des choses comme des salades César, mais je fais toujours très attention au menu pour ne pas être une gêne pour ceux qui m’accompagnent. J’aime les repas comme des salades de bœuf ou de saumon avec l’assaisonnement à part. En faisant comme ça, j’ai pu comprendre pas mal de choses, comme par exemple que si on prépare telle chose de telle manière, ça aura un meilleur goût que si on le fait de telle autre manière. Par chance, les gens autour de moi s’y sont bien faits, et ça m’a aidé à être plus à l’aise avec tout ça.

Tu as été choisi comme animateur pour ‘Make An Order’ avec Jun Hyunmoo grâce à ça.
Key : ‘Make An Order’ était à la base conçu pour montrer une cuisine idéale, mais le système a changé. Maintenant le public passe sa commande, et à chaque fois, un chef vient pour cuisiner le repas avec eux. C’est fait en direct, alors c’est un programme unique dans son genre, qui montre tout depuis la préparation jusqu’à la dégustation. Le producteur cherchait quelqu’un qui aimait cuisiner mais qui ne s’y connaissait pas beaucoup. Et il semblerait qu’il ait apprécié mes progrès dans ‘My Little Television’.

Il m’arrive de croiser un mot qui me parle, et dans ce cas-là, je le note à part dans un petit carnet. Et quand je repense à ce mot, à quel point il est bon, je ne l’en aime que plus. Ce mot devient de plus en plus important au fil du temps parce que j’ai cette impression qu’il est connecté à ma vie. Est-ce qu’il y a pour Key un mot-clé semblable, qui lui soit propre ?
Key : Par le passé, quand on m’interrogeait sur ma devise dans la vie, je répondais ‘sois heureux’ et ‘profite’. Maintenant mes mots-clés seraient plus ‘langage/mots’ et ‘imagination’. Avant, je voulais constamment faire des séances photo en solo pour les magazines et apparaître sur les moteurs de recherche, j’en ai beaucoup parlé et j’en ai beaucoup rêvé, et avant que je ne m’en rende compte, c’était devenu une réalité. Et c’est, évidemment, quelque chose qui me remplit de bonheur et dont je profite.

D’un autre point de vue, quel est d’après toi l’avantage de ne pas en dire trop ?
Key : Il y a cette partie de moi qui fait que, quand je suis en colère, je ne peux pas m’empêcher de maugréer. Il y a aussi toutes ces fois où je ne réfléchis pas avant de parler. Quand de tels mots m’échappent, qui ne les comprendrait pas de travers ? Je pense que le silence est une bonne chose dans ces moments-là. Au contraire, quand ce sont des mots positifs et puissants, je considère que ce sont des mots importants qu’il ne faut pas hésiter à exprimer, parce que ce sont de bonnes choses à dire.

Quel est le genre de personne idéale que tu voudrais devenir ?
Key : Quelqu’un d’unique. Plutôt que de dire ‘le numéro un’, je décrirais plutôt ça comme ‘le seul’. Mais je ne dis pas ça dans le sens où je voudrais être différent des autres, c’est plus en rapport avec cette compétitivité dont je voudrais pouvoir faire preuve.

Est-ce que c’est lié au fait que ton estime de soi soit si forte ? Ta vie contient plusieurs vies différentes, mais il semblerait que tu sois déterminé à ne pas vivre de manière irresponsable ?
Key : Depuis le début, j’apprécie vraiment ce que je suis (rires). Je ne savais pas trop comment m’y prendre avant, mais à présent, je me suis juré que j’aurai foi en moi et que je ne douterai jamais. Tout ce que j’ai fait jusque-là m’a vraiment éclairé. J’ai sûrement beaucoup de regrets, notamment le fait que ça aurait été bien que je mette en oeuvre tout ce que j’avais à ma disposition pour continuer les choses que j’ai dû arrêter de faire. Maintenant, je compte bien me rattraper et ne plus avoir ces regrets. Ce qui fait que j’ai beaucoup de fierté et de respect pour moi-même. Je pense que j’ai appris très tôt mes défauts et mes qualités, ce dont je peux être fier, et ce à propos duquel je dois rester humble. J’ai vite compris que si je n’arrivais pas à faire la différence entre mes bons et mes mauvais côtés, les gens autour de moi finiraient par en souffrir.

Avoir trouvé des façons de faire pour que les gens t’aiment, et être en même temps capable de vivre ta vie comme tu l’entends, ce ne sont pas vraiment des approches stratégiques, n’est-ce pas ? Ça ressemble plus à de l’instinct animal.
Key : Quand je ne suis pas en train de travailler, je dois certainement me rapprocher de ça. Je pense notamment à cette fois où j’ai été acheter cette Apple Watch, je me disais « C’est à moi. Même si je ne sais pas pourquoi, c’est à moi », quelque chose comme ça (rires). D’un autre côté, quand je travaille, c’est comme si l’animal cédait la place à un végétal, plus passif. Je pose beaucoup de questions et je vérifie et confirme constamment que je fais comme il faut. Je pense que des malentendus peuvent très facilement naître du langage parlé, alors je veux toujours communiquer avec mes compagnons un par un. Je fais attention, sûrement parce que je n’aime pas faire des erreurs. Par le passé, j’étais très occupé à travailler tout en me créant ma propre image. Même si ce n’est pas une image que l’on a l’habitude de voir (rires).

Qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? Le passé, le présent ou le futur ?
Key : Sans hésitations, le présent.

Tu penses que tu as vécu comme il fallait jusque-là ?
Key : Oui. Je pense que même par le passé, j’ai toujours été heureux. Bien sûr, je suis heureux maintenant aussi. Et donc, quand je regarde en arrière, c’est plus facile de reconsidérer les problèmes que j’ai traversés à l’époque, n’est-ce pas ? Mais, même comme ça, ça reste du passé. Si on pousse le vice jusqu’à penser à ce qui pourrait encore être un souci à l’avenir, je me dis qu’il faut vraiment vivre le présent sans s’inquiéter ni du passé, ni du futur.

Est-ce que tu joueras un jour dans des dramas ?
Key : Un jour, j’aimerais m’essayer à différentes expériences professionnelles, mais pour le moment ce que je préfère est faire des comédies musicales. Même si c’est difficile, j’apprends beaucoup de choses en une seule fois. Je ne pense pas qu’il y ait un autre endroit où je puisse être capable de ressentir toutes les émotions que je ressens quand je suis sur scène. Où d’autre pourrais-je chanter et jouer moi-même la comédie en l’espace de deux heures ? Ça m’est devenu quelque chose d’indispensable, une expérience qui m’est très précieuse, alors j’aimerais que ça continue pour le moment.

Crédit : ELLE Korea (juillet 2015)
Traduction japonaise : umecocleskey © Twitter
Traduction anglaise : keihissi © Twitter
Traduction française : Lulu © SHINee France
Correction : Louvegrise © SHINee France

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